samedi 11 octobre 2014

Piste longue 976 ?

Encore une "promesse non tenue" par le nain de  Neuilly ou ses afficionados locaux ! C' aurait permis aux Boeing d'Air Austral de décoller de Mahoré avec leur pleine charge de kérosène en toute sécurité et donc de raccourcir considérablement la durée du voyage vers Paris CDG.

En attendant cette hypothétique extension, Air Austral nous avait promis néanmoins un vol direct Dzaoudzi - Paname et inondé Mayotte de pubs bien comme il faut en 4 x 3 ! L'Etat (le contribuable, autrement dit) avait bien sûr injecté illico ce qu'il fallait de fonds publics pour "remotoriser" les "triple 7" d'Air austral (une compagnie aérienne privée réunionnaise en situation de quasi monopole à cette date) mais il aurait fallu, semble-t-il, raser aussi quelques bâtiments (dont une mosquée dans l'axe de la piste...Impensable) pour décoller de la piste actuelle en toute sécurité. "A.A." aura donc bénéficié de fonds publics français pour offrir un "refit" * haut-de-gamme à ses longs-courriers Boeing (made in Seattle, USA). Les seuls Airbus 330 qui se posent à Dzaoudzi sont ceux de Corsair.

Un ou deux mois avant notre "vol direct" Air Austral se bornera à m' adresser un mail très bref pour m'annoncer que je ferai, comme d'habitude, escale à La Run'. Seuls les Wazungu très casse-pieds obtiendront de haute lutte un petit geste commercial de la part d' Air Austral. Pour le coup, il s'agissait pourtant d'une publicité très mensongère !

* "refit ": (anglicisme surtout utilisé dans le domaine aéronautique). Modification technique importante (motorisation, informatique embarquée, radar) visant à prolonger la durée de vie et augmenter les performances d'un appareil.

Je grève avec Caroline contre la Réforme des retraites...


Le jeudi 23 septembre 2010 nous manifestons comme en Métropole contre Sarko et alii qui repartent en guerre contre notre système de retraite ! Ma collègue Caroline m'embarque (je n'ai pas de voiture) et on part pour Mamoudzou pour un défilé bord de mangrove sur quelques centaines de mètres. 

Elle et moi allons "gréver" pour la première fois et donc défiler de la Place de la République jusqu'au rond-point "SFR" (Al Farouk). On s'en amuse et depuis ce jour-là, je conjugue le verbe "gréver" à tous les temps et tous les modes...

lundi 6 octobre 2014

ESI (étrangères en situation irrégulière)


Un dimanche matin à la mi-septembre 2010, deux petites voisines "sans-papiers" viennent me demander de leur tirer le portrait. A moi, le Mzungu du "Quartier collège" d'Hamjago qui prend tout le temps des photos. Une photo ? Ca veut dire s'étonner devant leurs frimousses sur le minuscule écran de mon compact en riant aux éclats puis me remercier et partir en courant en agitant la main...

 Dans moins d'un mois ? Elles et toute leur famille, en situation irrégulière depuis bientôt dix ans, seront raflées virilement par des Mobiles au petit matin puis expulsées vers les Comores.
 Seul leur frère Warchi, un de mes élèves de 4ème G, échappera à la rafle. Nous tenterons de le convaincre de rejoindre parents et fratrie en Anjouan mais sans succès. Quelques profs et Sully L. (le principal adjoint) feront de leur mieux pour l'assister jusqu'à son départ du bahut en juin 2012. On l'accompagnera au dispensaire, prêts à se friter avec qui lui réclamerait abusivement 10 € pour la consultation et le collège prendra en charge tenue de sport et autres...

Je pensais ce matin-là tout comme le responsable du RESFIM (Réseau Education Sans Fontières Mayotte) que Warchi devait rejoindre les siens. On peut se tromper, Warchi était un gros garçon assez mou en 2010. Je le revois peu avant mon retour définitif en Métropole. Il s'en est plutôt bien sorti. Un exemple de résilience sans doute. Hébergé par une parente dans la dèche, Warchi a mûri, minci et a manifestement du plomb dans la tête. Bonne chance, Warchi Salim !


samedi 4 octobre 2014

Affinités électives.



Ce qu'il y a de bien quand on pose son sac sur le tarmac bouillant de Dzaoudzi à 10 000 km de l' Hexagone et donc plus ou moins désorienté, c'est qu'on n'est pas le seul à l'être ! J'étais bien seul et un peu paumé en ce qui me concerne...

Mais à Mayotte il est bien plus facile de faire des rencontres qu'en Bretagne et rapidement mes week-ends et mes soirées seront bien remplis. Week-ends ? Ce sera plage ou randonnées dans le malavuni (la cambrousse où poussent banane, manioc, songe etc.). En soirée ?  Il me faudra assez vite faire le tri entre la convivialité de vrais potes et les intrusions des parasites et pour cela quitter le nord.

Ce jour-là ? Vendredi 10 septembre 2010: Patrice est un prof d'Histoire-Géo contractuel et son séjour n'est donc pas comme celui des titulaires de l'EN limité à quatre ans. Il a vécu longtemps à La Réunion et connaît bien la région et Mayotte aussi.

Première journée à la plage avec lui avec Caroline, une collègue de M'tsamboro, (ma future complice en routologie dans l'Austral aux Comores et à La Run')  et une collègue du  lycée du coin, "la Cité du Nord"...
L'eau est à 25 °C ou 26 ° C et  j'ai l'impression de cuire au court-bouillon pour mon premier bain dans l'Indien. Les copains se mettent en mode "PMB" (palmes/masque/tuba) mais c'est pas pour moi: piètre nageur et surtout dépourvu de sinus frontal droit bien des beautés sous-marines du 976 me resteront interdites à tout jamais et  je regagne sagement le sable.

Ce jour-là ? C'est "idylle carte postale tropicale". Un pique-nique bord de mer où le soleil darde, du bouquinage et une sieste à l'ombre pour ma pomme alors que les autres testent masque, tuba et palmes et s'en mettent plein la vue "underwater".
Habitué depuis 1994  à fêter par un bain à minuit le nouvel an à poil en BZh, je me demande si je vais supporter la température dans le lagon au quotidien.


Rassurez-vous, je vais frissonner assez vite...Quand les alizés souffleront sur M'tsamboro à partir de mai 2011 j'aurai du mal à me baquer dans une eau à 21 ou 23 ° C, moi qui pourtant pouvais naguère nager un matin de septembre à Bjertnesvangen  (Norvège) ou faire ma toilette dans un torrent pyrénéen en août (environ 5 ° C dans les deux cas).

Petits arrangements avec Allah.

Comme vous l'avez pu lire je suis arrivé à Mayotte en plein Carême. Pas facile d'y manger un morceau, surtout en brousse, avant le coucher du soleil (vers environ 18 h 00 toute l'année car à M'tsamboro on est à 12° 43 ' 02 " S de latitude).

Le restaurant  Choizil (bon poisson) à Hamjago étant fermé, le Coco Lodge reste à midi la seule option pour le Mzungu qui n'a pas encore trouvé de case où il peut cuisiner. La fête de l'Aïd qui marque la fin du Ramadan aura lieu quelques jours après notre rentrée scolaire: sur les affiches 4 x 3 pour réseaux mobiles, électroménager ou supermarchés locaux qui célèbrent la fin du jeûne s'étalent en gros caractères "Bonne fête de l'Ide" (en VF et en police "pseudo calligraphie arabe").
Je mets longtemps à saisir que "Ide" c'est "Aïd". Première découverte d'un certain amateurisme des pubards locaux: ils font assez souvent de disgracieux bâtards à l'orthographe.

En cette fin de jeûne, sur des bangas apparaissent aussi de curieux calicots. Jusqu'ici je pensais que La Perla était une marque italienne de lingerie chic, très chère (et à fortes visées érectiles ?)...
 Je découvre qu'à Mayotte un "gang" de "boss" fête la fin de cette purge où il doivent "faire semblant de" pendant 40 jours en proclamant leur dévotion à un des pires produits de la Politique Agricole Européenne: une immonde piquette de vino tinto en brique (Tetrapack TM) espagnole baptisée aussi "La Perla" ! Ils signent fièrement cette revendication de leur nom de guerre, le premier en haut à gauche c'est "M'bo", un des premiers mots de shimaoré qu'on apprend...Ca veut dire "bite" ! Et "Maji-Yatrou" ? Ca veut dire " Perla notre eau à nous"


Pour ma part ? Je testerai ce gros rouge espingouin "La Perla", par défi, comme j'ai pu le faire en goûtant le wasabi, les vers grillés etc. Immonde cette vinasse. Je n'y reviendrai jamais même pour cuisiner...






dimanche 28 septembre 2014

Coco Lodge





L'adresse c'est www.cocolodge-mayotte.fr. C'est à M'tsamboro un peu dans les hauteurs.

Le patron, Sergio, est de Quimper et présent depuis longtemps à Mayotte. Six chambres, un bar et une belle terrasse qui domine M'tsamboro face au plus beau panorama de l'île.
Oui ! les Wazungu qui crèchent à M'tsamboro dont j'ai fait partie font parfois très vite preuve d'esprit de clocher...pardon d'esprit de minaret. Les îlots Choizil et l'îlot M'tsamboro, c'est "gravement beau" ! Pas vrai ?

Et le "Coco" ? C'est comment ? Un lit modèle "opium" made in Malaysia ou Indonesia , bonne literie sous moustiquaire et ventilateur. Bonne table (poisson local très frais avec sauce à vanille par exemple), bière bien fraîche et planteur bien tassé. J'y passerai une semaine et m'y ferai quelques potes pour le reste du séjour. J' y viendrai parfois corriger des copies quand colocataire marseillaise sans savoir-vivre ou vacarme des voisins m'empêcheront de travailler chez moi. J' y passerai en juin 2013, peu avant d'être viré, une belle soirée musicale métissée puis lèverai mon verre une dernière fois avec Sergio avant de ficher mon camp, contraint et forcé.

samedi 27 septembre 2014

Maharaba Sarkozy !

Merci Sarkozy ! (en shimaoré). 

Sarko' est venu faire son petit tour à Mayotte pour draguer des voix en se posant en père de la "départementalisation" en janvier 2010 acclamé par les Mahorais et ouvrant une boîte de Pandore dont le 101éme département n'a pas fini de souffrir à mon avis !

Je me pose à Mayotte le 21 août 2010 en traînant ma camelote merdique de valise Made in People's Republic of China (28 kg quand même) et dont une des roulettes rend l'âme au bout de quelques mètres. J'arrive à Mamoudzou en plein Ramadan. J' y ai repéré quelques adresses dans le Petit Fûté 2010 pour y passer ma première nuit mais c'est "carême" et je trouve donc porte close. Un "taxi-ville" m'entube en finesse (5 fois le tarif) et me ramène à mon point de départ (l'embarcadère de la barge près du 5/5,bar fameux sur le port). Il a bien dû se marrer à mes dépens, le taximan, mais Allah punira ce fils de "m'bwa" (chien en swaheli)...

Je suis un vrai pied-tendre, totalement ridicule, et je pars en traînant cette valise lourde comme un âne mort vers Tzoundzou II que je rejoindrai à pied (6,5 km). Un réfugié politique africain (les guerres des Grands Lacs ont vidé la région de centaines de milliers de malheureux) m'aide à traîner mon bagage, me guide vers le "gabier" (distributeur automatique de billets) du rond-point du Baobab puis pointe son doigt vers Tzoudzou. Il vient du Rwanda ou du Burundi et porte un prénom qui sent fort le Père Blanc qui baptise l' indigène à la chaîne, un truc du genre "Jean de la Salle". Je ne l'ai jamais revu mais merci à lui du fond du coeur où qu'il soit ! Maharaba menge ! Jean de la Salle ? Le Vatican en a fait le saint patron des enseignants, éducateurs etc. Je ne me suis pas pour autant précipité à la petite chapelle près du building du Conseil Général.


Après "quelques" galères, je passerai la nuit à Tzoundzou II au Jardin Tropical, une bonne adresse où les gamins parlent couramment français et enrichissent mon lexique avec des termes locaux("varangue", "brèdes mafane"). Je dois rejoindre demain matin M'tsamboro à plus de 40 km au nord mais je viens de découvrir qu'il n'y a pas de réseau de transports en commun dans cette Collectivité d'Outre-Mer.

Une seule solution, le stop. Un couple de Wazungu me mène à un carrefour entre Combani et M'tsamboro, ce sont les premiers mauvais esprits, les premiers Métros' "dissidents" que je rencontrerai dans le 976, le garçon me donnera d'utiles conseils de lecture ("Comores-Mayotte, une histoire néo-coloniale" de P. Caminade aux Editions Agone). Les multiples coups tordus de la cellule françafricaine de l'Elysée que l'ouvrage rapporte sont si vicieux qu'on a du mal à s'y retrouver mais une chose est sûre: voilà un bouquin où les braves gens, Comoriens ou Français, brillent par leur absence.

A cette croisée de chemins, je passerai un couple d'heures avec quelques bwenis qui s'esclaffent et papotent joyeusement, je découvre qu'à Mayotte on n'échange pas en murmurant ! * *  Une 205 rouge finit par s'arrêter. Parmi les passagers, il y a Sophie, la demi-soeur de Casimir (oui, oui, le Casimir de la télé !), "une chic fille" comme diraient Blake & Mortimer car le Britannique ne s'épanche pas.

 Mon but ? Rejoindre le "Coco Lodge", unique possibilité d'hébergement dans le nord et situé dans la commune où je vais sévir. "Ca tombe bien." me dit la dame au volant: "On y va !" Arrivé là-bas, je pose mes affaires dans ma piaule, descends dans le village et y prends mes premières photos. Sarko' est passé 6 mois plus tôt et je suis bien dans un fief UMP : au-dessus du gamin maussade les propriétaires du douka * affichent fièrement leur allégeance !

* douka: (n.m.) boutique locale en torchis ou parpaings et toit en tôle ondulée. On y vend des doses de lessive ou de javel, des piles électriques, des clopes à l'unité, du riz par 25 kg, des sodas des Emirats qui vous donneraient le diabète rien qu'à regarder la cannette, des recharges de mobile ou de compteur électrique etc.

** "murmurant" : c'est une litote, pour le moins...

dimanche 14 septembre 2014

Kashikazi

Kashikazi ? C'est l'une des deux saisons à Mayotte, la saison des pluies...Juste quelques mots écrits devant Arte où un journaliste bobo de Paris est allé interviouver Yann Tiersen dans sa bicoque d'Ouessant pour "Metropolis". J'ai envie de traverser le Fromveur pour aborder à nouveau Enez Eussa (Ouessant) et quitter le continent.

Et envie aussi (aucun rapport, c'est la sécheresse ici) de poster cette photo-là d'un jour de déluge en mars ou avril 2011 à M'tsamboro près de la mosquée de vendredi. Un instant de grâce oublié sitôt pris. J'ai retrouvé cette image il y a peu, c'est sans doute celle que je préfère de celles prises à Mayotte. Qui veut un tirage ?

mardi 18 février 2014

Le secret le mieux gardé ! Two Gayar !

"Le secret le mieux gardé de la France dans l'Océan Indien..."

C'est ainsi que le "Lonely Planet" qualifie la Réunion. Pour une fois que des "Aussies" disent des choses agréables sur les Froggies, ne boudons pas notre plaisir !

Juste quelques lignes pour alimenter ce blog: les tempêtes successives (Dirk, Petra, Qumeira et Ulla etc.) m'auront bien pourri la vie depuis Noël (inondation, réfugié à l'hôtel, camping dans un gîte dévasté puis panne d'élec' durant une quinzaine d'heures dans mon nouveau home impossible à chauffer etc.).
Ajoutons à cela, le fait d'avoir été viré par une propriétaire assez "désinvolte" peu après la crue du 23/XII (son neveu vivant un "divorce difficile" et devant donc prendre  ma place) la Bretagne, j'adore pas du tout !
Bon, faut dire que j'avais été assez désinvolte aussi: pas de bail, ni d'état des lieux, ma parole donnée etc. (un de mes proches connaissant la dame). Mon retour dans ce "cher pays natal" n'aura donc vraiment pas été de tout repos.

J'aurais dû me méfier cependant de ma propriétaire vu son tropisme pour la Jacquerie anti-écotaxe...Les manifs des Bonnets Rouges où se retrouvent chômeurs, prolétaires à bout de souffle, petits patrons et dirigeants d'organisations agricoles ("apolitiques" comme il se doit mais "surtout pas de gauche") m' auront plombé encore un peu plus l'ambiance. Eh, non, Camarades ! Je ne partage pas leur vision confuse et simpliste d'une Bretagne victime de méchants fonctionnaires ou ministres vicieux à Paris et je maintiens que le Medef local et les cadors du lobby agricole productiviste ont bien intérêt à noyer le poisson et à utiliser les purotins locaux ("un peu" naïfs) comme piétaille sous les portiques "écotaxe". Patrons et système "pseudo-coopératif" auront bénéficié des décennies durant de subventions de l'Etat ou de la PAC mais savaient pertinemment que l'agro-business breton vivait sous perfusion et que la manne ne serait pas éternelle, qu'ils produisaient du bas de gamme pour ne pas dire de la merde et empoisonnaient rivières, bocage et bord de mer durablement...

Pour des mecs soi-disant soucieux de l'avenir de la Bretagne et du bien-être de sa population, c'est assez comique, non ? Et comme je n'ai pas, avec quelques potes, jeté Bébé Marx avec l'eau du bain ce genre de mouvement de "révolte" où toutes classes sociales confondues 'auraient" les mêmes intérêts me sembla d'emblée suspect. Quand les Pue-la-Sueur oublient la Lutte des Classes, ils se font toujours flouer: "Pa fout' domoun, vouzôtes ! " comme on dit en kreol La Renyo !


Vive La Réunion donc !  Lors de mon dernier séjour, de vieux prolétaires du PCR, au moment même où la voix de Stéphane Hessel se taisait, y témoignaient dans la Presse Quotidienne Régionale de leurs très justes luttes et de l'oppression subie jusqu'à la fin du siècle dernier, le XXème...

 Nostalgie aussi de l'ascension du col du Taïbit, des ti-punchs sirotés à St Leu, des tapas de St Pierre et des rougails de Cilaos où d'ailleurs ! Je prendrais bien un billet pour St Denis à la fin du mois, tiens, si j'étais plus en fonds !