samedi 27 septembre 2014

Maharaba Sarkozy !

Merci Sarkozy ! (en shimaoré). 

Sarko' est venu faire son petit tour à Mayotte pour draguer des voix en se posant en père de la "départementalisation" en janvier 2010 acclamé par les Mahorais et ouvrant une boîte de Pandore dont le 101éme département n'a pas fini de souffrir à mon avis !

Je me pose à Mayotte le 21 août 2010 en traînant ma camelote merdique de valise Made in People's Republic of China (28 kg quand même) et dont une des roulettes rend l'âme au bout de quelques mètres. J'arrive à Mamoudzou en plein Ramadan. J' y ai repéré quelques adresses dans le Petit Fûté 2010 pour y passer ma première nuit mais c'est "carême" et je trouve donc porte close. Un "taxi-ville" m'entube en finesse (5 fois le tarif) et me ramène à mon point de départ (l'embarcadère de la barge près du 5/5,bar fameux sur le port). Il a bien dû se marrer à mes dépens, le taximan, mais Allah punira ce fils de "m'bwa" (chien en swaheli)...

Je suis un vrai pied-tendre, totalement ridicule, et je pars en traînant cette valise lourde comme un âne mort vers Tzoundzou II que je rejoindrai à pied (6,5 km). Un réfugié politique africain (les guerres des Grands Lacs ont vidé la région de centaines de milliers de malheureux) m'aide à traîner mon bagage, me guide vers le "gabier" (distributeur automatique de billets) du rond-point du Baobab puis pointe son doigt vers Tzoudzou. Il vient du Rwanda ou du Burundi et porte un prénom qui sent fort le Père Blanc qui baptise l' indigène à la chaîne, un truc du genre "Jean de la Salle". Je ne l'ai jamais revu mais merci à lui du fond du coeur où qu'il soit ! Maharaba menge ! Jean de la Salle ? Le Vatican en a fait le saint patron des enseignants, éducateurs etc. Je ne me suis pas pour autant précipité à la petite chapelle près du building du Conseil Général.


Après "quelques" galères, je passerai la nuit à Tzoundzou II au Jardin Tropical, une bonne adresse où les gamins parlent couramment français et enrichissent mon lexique avec des termes locaux("varangue", "brèdes mafane"). Je dois rejoindre demain matin M'tsamboro à plus de 40 km au nord mais je viens de découvrir qu'il n'y a pas de réseau de transports en commun dans cette Collectivité d'Outre-Mer.

Une seule solution, le stop. Un couple de Wazungu me mène à un carrefour entre Combani et M'tsamboro, ce sont les premiers mauvais esprits, les premiers Métros' "dissidents" que je rencontrerai dans le 976, le garçon me donnera d'utiles conseils de lecture ("Comores-Mayotte, une histoire néo-coloniale" de P. Caminade aux Editions Agone). Les multiples coups tordus de la cellule françafricaine de l'Elysée que l'ouvrage rapporte sont si vicieux qu'on a du mal à s'y retrouver mais une chose est sûre: voilà un bouquin où les braves gens, Comoriens ou Français, brillent par leur absence.

A cette croisée de chemins, je passerai un couple d'heures avec quelques bwenis qui s'esclaffent et papotent joyeusement, je découvre qu'à Mayotte on n'échange pas en murmurant ! * *  Une 205 rouge finit par s'arrêter. Parmi les passagers, il y a Sophie, la demi-soeur de Casimir (oui, oui, le Casimir de la télé !), "une chic fille" comme diraient Blake & Mortimer car le Britannique ne s'épanche pas.

 Mon but ? Rejoindre le "Coco Lodge", unique possibilité d'hébergement dans le nord et situé dans la commune où je vais sévir. "Ca tombe bien." me dit la dame au volant: "On y va !" Arrivé là-bas, je pose mes affaires dans ma piaule, descends dans le village et y prends mes premières photos. Sarko' est passé 6 mois plus tôt et je suis bien dans un fief UMP : au-dessus du gamin maussade les propriétaires du douka * affichent fièrement leur allégeance !

* douka: (n.m.) boutique locale en torchis ou parpaings et toit en tôle ondulée. On y vend des doses de lessive ou de javel, des piles électriques, des clopes à l'unité, du riz par 25 kg, des sodas des Emirats qui vous donneraient le diabète rien qu'à regarder la cannette, des recharges de mobile ou de compteur électrique etc.

** "murmurant" : c'est une litote, pour le moins...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire