lundi 6 octobre 2014

ESI (étrangères en situation irrégulière)


Un dimanche matin à la mi-septembre 2010, deux petites voisines "sans-papiers" viennent me demander de leur tirer le portrait. A moi, le Mzungu du "Quartier collège" d'Hamjago qui prend tout le temps des photos. Une photo ? Ca veut dire s'étonner devant leurs frimousses sur le minuscule écran de mon compact en riant aux éclats puis me remercier et partir en courant en agitant la main...

 Dans moins d'un mois ? Elles et toute leur famille, en situation irrégulière depuis bientôt dix ans, seront raflées virilement par des Mobiles au petit matin puis expulsées vers les Comores.
 Seul leur frère Warchi, un de mes élèves de 4ème G, échappera à la rafle. Nous tenterons de le convaincre de rejoindre parents et fratrie en Anjouan mais sans succès. Quelques profs et Sully L. (le principal adjoint) feront de leur mieux pour l'assister jusqu'à son départ du bahut en juin 2012. On l'accompagnera au dispensaire, prêts à se friter avec qui lui réclamerait abusivement 10 € pour la consultation et le collège prendra en charge tenue de sport et autres...

Je pensais ce matin-là tout comme le responsable du RESFIM (Réseau Education Sans Fontières Mayotte) que Warchi devait rejoindre les siens. On peut se tromper, Warchi était un gros garçon assez mou en 2010. Je le revois peu avant mon retour définitif en Métropole. Il s'en est plutôt bien sorti. Un exemple de résilience sans doute. Hébergé par une parente dans la dèche, Warchi a mûri, minci et a manifestement du plomb dans la tête. Bonne chance, Warchi Salim !


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