vendredi 16 novembre 2012

Les lémuriens

Lorsqu'on arrive à Mada' ou à Mayotte et qu' on les voit pour la première fois, on réagit comme un gamin...

Comme ils ne sont pas vraiment farouches, ils viendront becqueter des fruits dans votre main ou se percheront sur votre épaule. A Mayotte, il n'existe qu'une seule espèce: Eulemur Fulvus Mayottensis, leur nombre a régressé (déforestation, essor démographique: nous avons eu les résultats du recensement cettesemaine, nous sommes un peu plus de 212 000) mais l'espèce n'est pas en danger, n'en déplaise à certains "amis des animaux" à l'origine de la création d'une "réserve" sur l'îlot Bouzi.

Un vrai non-sens écologique: les makis, trop nombreux par rapport au biotope devant être ravitaillés en fruits et légumes par pirogue ! Leur prolifération a obligé les autorités à envisager l'euthanasie du groupe. En début d'année des dizaines de lémuriens ont été retrouvés morts, du raticide ayant été mélangé à la nourriture qui leur était apportée (par qui ? mystère...) D'autres espèces dont des oiseaux qui profitaient de l'aubaine ont été victimes d'empoisonnement dont une espèce protégée, la tourterelle peinte (streptopelia picturata) ce qui n'a guère provoqué d'émotion, pour le coup, chez les amis des makis. L'administration a dû gérer l'élimination de 1400 kilos de cadavres (en décharge publique, pas de centre d'équarissage ici) etc.

A Mayotte ? Je ne suis pas inquiet pour les sympathiques makis (de l' anglais "monkey"), à part les occasionnelles victimes de la route, ils ne me semblent pas courir autant de risques qu'à Madagascar où le braconnage est un véritable fléau...

Là encore, un peu d'économie basique: un "indri" de 5 kg (poids d'un adulte) se négocie à 10 000 ar. (3,6 €) alors qu'un poulet se vend 4 000 ar/kg..."Madagasikara Voakajy", une ONG locale a enquêté dans l'Est de Mada': 95% des personnes interrogées déclaraient avoir mangé de la viande d'espèces protégées. Dans le seul district de Moramanga, l'estimation (minimale) porte la quantité de viande de lémurien consommée à une tonne par an. Les makis sont protégés depuis 1973 à l'annexe I de la Cites, on estime néanmoins que 15 à 20% des Malgaches, surtout dans les districts où il y a un "boom" minier consomment  de la "viande de chasse". Cela est facilité par le fait que les interdits alimentaires ("fady") qui frappaient ces animaux sont en train de tomber en désuétude. Maudite modernité !

D'où viennent nos makis tricolores ? On pense qu'ils auraient été introduits à Mayotte par des pêcheurs malgaches au Xème siècle mais ce n'est qu'une hypothèse... L'archéologie locale est encore balbutiante. Un de mes collègues (Histoire) du lycée d'à côté fouille actuellement des tombes du côté d'Accoua (village malgache à quelques km d'ici) et y a fait d'étonnantes découvertes (que je vous livrerai dans un autre billet sous peu). Patience...

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