mercredi 18 mars 2015

1 Président et 4 Gouverneurs moins 1

On finit par se poser dans un petit snack sur le port pour un repas rapide accompagné d'un soda. Lézardant en terrasse, j'entends un Comorien à l'intérieur du bar faire un topo bien carré sur la situation politique et économique locale et les enjeux de l' élection toute proche du président de l'Union et des gouverneurs de chaque île.
Son français est excellent contrairement à celui de son interlocuteur, un Anglo-saxon. Le Comorien inconnu ? C'est le correspondant de RFI aux Comores, Ahmed M. , je le rencontrerai pour de bon le lendemain grâce à Abi, son frère, ancien étudiant à Nantes et donc supporter à tout jamais des Canaris. Question foot pourtant l'archipel tient en général pour l'OM avec quelques rares dissidents pro-PSG...


Ahmed me confie alors qu'hier, comme cela lui arrive assez souvent, on l'a prié d'éclairer la lanterne d'un haut fonctionnaire  envoyé par un organisme international pour une virée de quelques jours dans l'archipel. Ces experts en mission d'évaluation rencontrent dix ou quinze Comoriens "représentatifs", rédigent un rapport puis s'envolent vers l'Europe, le Japon ou les USA. Ahmed ne se fait plus aucune illusion sur les retombées concrètes de ces visites. Il ne leur en veut même pas à ces Wazungu en tournée pétris de bonnes intentions: "Comment pourraient-ils comprendre en si peu de temps ce qui ne va pas ici ? Nous-mêmes ? On y arrive à peine !"


Il s'agit donc de renouveler les gouverneurs d'Anjouan, Moheli et Ngazidja et le Président de l'Union. A Mayotte ? Pas d'élection bien évidemment: c'est une Communauté territoriale d'Outre-Mer et donc de facto un confetti ultramarin français même si l'Etat comorien et l'Union africaine le contestent.
A Mayotte, c'est M. Le Préfet Derrache qui représente Paris et le Conseil Général qui exprime la volonté populaire sortie d'urnes tricolores. Là où ça se complique ? C'est que la Constitution comorienne impose une présidence tournante. Deux présidents (Ngazidja et Anjouan) se sont succédé et l'on s'apprête à porter au pouvoir un Mohelien. La fois prochaine ? C'est obligatoirement un Mahorais qui doit accéder à la magistrature suprême ! Ca ne devrait pas poser de problèmes pratiques pour trouver des candidats éligibles car de nombreux habitants de l'archipel (Mahorais ou Comoriens) sont au moins bi-nationaux mais ça risque d'être un peu baroque. D'ici là le 976 sera devenu le 101ème département de la République Française ! On ne risque pas d'y voter pour la présidentielle comorienne !

En attendant en ce 15 octobre 2010, les deux candidats qui s'opposent farouchement sont Mouigni Baraka candidat "orange" et Abdouloihabi, candidat "bleu" et gouverneur sortant bien décidé à rester en place. Là où ça se complique, une fois encore ? C'est que l'un et l'autre font partie de la "Mouvance présidentielle", proches de Sambi le président sortant.  Compliqué ? Oui, mais finalement pas plus que les relations Coppé-Fillon en 2012 ou Aubry-Hollande au moment de leur primaire, non ?

Pour le moment, seul l'Albinos (surnom d'Abdouloihabi) fait campagne ici. Baraka, lui est en France visitant avec sa suite la Diaspora de Marseille, Rennes ou ailleurs mais il va rappliquer vite fait !  

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