samedi 2 mars 2013

Vacances, enfin !

Fin de semaine en roue libre après la visite de la conseillère pédagogique mercredi 27/02 en dernière heure. Visite suivie d'un entretien. Pas catastrophique (dirons-nous) en tout cas je n'ai pas le choix: il est impératif qu'après l'inspection en mai (si je suis validé) je demande mon intégration dans le second degré pour les quelques années qui restent avant mon départ en retraite...

Je finis donc sur une évaluation lecture "par compétences" extrêment détaillée  niveau mi-CE2 (avec temps de passation multiplié par deux et lecture à voix haute des consignes par les moins faibles et surtout moi) avec "ma" 6ème non-lecteurs (Burned-out, ça me demande plus d'énergie que pour mes trois classes de 4ème). Evaluation par items critériés ? Les administratifs adorent, c'est trop "frais", ça fait tellement "nordique" !

J'ai renoncé depuis longtemps à leur expliquer que le modèle finlandais ou nordique est un "bloc" et qu'on n'y fait pas son marché à supposer qu'il soit vraiment transposable : il est basé sur un réel travail en équipe (rendu possible par ce qui suit), la suppression des inspections individuelles, l' absence de redoublement, des modules choisis par les élèves et validés par l'établissement, une formation de qualité pour les enseignants (pas des stages impossibles à obtenir), la stabilité des programmes, des salaires élevés et des  ministres et hauts fonctionnaires responsables de leurs actes et dérives éventuelles et bien d'autres choses encore ! Il y a en revanche des règles en matière de recrutement qui passeraient mal ici. En Finlande, un ministre en charge de l'enseignement n'aurait pas survécu politiquement aux inepties dignes du Café du Commerce proférées par Xavier Darcos (Inspecteur général de l'EN) sur les instits' de maternelle. Il faut dire aussi que le cher homme, à mon humble avis, n'aurait pas connu la même réussite sous ces latitudes boréales: les tribunaux y sont moins indulgents qu'en France en 1983 et les politiques très prudents...

Pour la tambouille qui rime avec cambouis "lecture+pas locuteur natif" ? Je n'aborderai même pas le fait que le français pose techniquement (26 lettres mais 36 phonèmes par ex. et j'abrège)  bien plus de problèmes pour l'apprentissage de la lecture que le finnois à des locuteurs natifs (cf. "Dédé" Ouzoulias qui fût mon prof à l'EN de Cergy) Les élèves en Finlande ? Les difficultés d'apprentissage des élèves d'origine étrangère et ceux des locuteurs natifs "lumpen" sont pris en charge avec de vrais moyens et ça marche. En France ?  Dans les DOM où le français du Val de Loire est langue seconde, dans les quartiers merdiques de métropole avec gamins issus de CSP "archi moins" ? On plonge et on plongera de plus en plus si rien n'est fait.La faute à qui ?

Aux enseignants sous pression pas soutenus par leur hiérarchie ? Ou aux politiques en place qui ont laissé filer les "quartiers" et les déserts ruraux depuis 30 ou 40 ans ,pavant ainsi la route au FN ?

 Après-midi ? Deux scènes de l'Avare (Acte I sc. 3 et Acte III sc. 1) où de bons élèves de 4ème (tous volontaires) les filles en salouva et kishali (tenue traditionnelle) et les garçons tentant de ressembler à leurs cousins des quartiers nord de Marseille font revivre le texte de Molière (1668) avec une évidente jubilation. Le reste de la classe rit aux larmes, applaudit à tout rompre...Un grand moment ! Ramzy (Harpagon) , délégué et excellent élève "baille" dans le feu de l'action un véritable "soufflet" à Hidaya qui joue La Flèche alors qu'il devait, bien sûr, simuler les coups ! Le kishali porté façon turban amortit un brin  la claque, mais heureusement qu' Hidaya, assez frêle, est très raisonnable, ç'aurait pu tourner au pugilat !

Fin de période (paperasse bureaucrate, fiches de liaison 6ème, orientation en SEGPA) tout ce que j'aime et qu'il nous faut assumer à 100 %, le personnel local ne faisant pas vraiment de zèle et c'est une litote...Ainsi, Madame A. chargée cette année des photocopies (et qui assure très moyennement) ne nous aura glissé nos photocopies dans nos casiers que le premier mois...Elle a ensuite (hénaurmes soupirs en traînant ses tongues) obtenu de ne plus avoir à faire les 30 mètres qui séparent son antre de la salle des profs... (" J'chus trrrop fatiguée...") Je souhaite de bonnes vacances à ma chef et je repasse, plein d'espoir, jeter un coup d'oeil à mon casier en salle des profs avant mon retour à la case quartier Mangajou ("sous le manguier")... Y aurait-il un courrier ?  Nib de nib ! Que dalle ! Peau de balle ! Rien dans mes mails, non plus ! Aucune nouvelle du refus de versement de mon indemnité d'éloignement, Rennes et le SNES rivalisant de mutisme. Merci, Camarades ! Je pensais que le fait d'être adhérent me garantirait une solidarité minimale...

Pour me remonter le moral, je me suis fait un petit cadeau: Libération en version numérique pour 1 € jusqu' à fin mars puis 9 €/mois ensuite (quand j'avais la chance de toper un Libé papier ici avec 10 jours de retard sur la métropole, ça me coûtait... 3,50 € le n° !) Je me gave d'autant que j'ai accès gratuit aux 30 derniers n° !

Pas très guilleret ! Mort de Hessel, de Daniel Darc, celle plus ancienne d'A. Leprest découvert chez Pierre-Louis Basse avant mon départ pour Mayotte et son éjection d'Europe 1. Beaucoup de "nécros"... Trop.
Tentative de branchement de ma médiocre télé chinoise ou indienne de marque "Supra" sur mon décodeur Orange. Kavu signali ! (pas de chaînes détectées). Contrairement à ma dernière installation en métropole, il faut ici en effet que le décodeur soit connecté à une parabole, mon propriétaire m'a bien évidemment assuré que le disque corrodé qui défigure le toit fonctionnait à merveille et qui si je ne m'en servais pas, il le récupérerait pour lui. Une "non-vérité" de plus ! Il va encore me falloir ergoter pour qu'il assume.Il n'est vraiment pas très malin mais très radin !


Sur la photo ? Deux de mes anciennes élèves, figurantes photographiées sur le tournage de "Paradis Amers" de C. Faure, film tourné à Mayotte (et en particulier dans mon bahut) l'an passé. Elles portent le kishali et le salouva, bien sûr ! Je ne sais pas ce que vaut le film (pas indigne, semble-t-il) mais Michèle Bernier qui joue une prof "grande gueule mais grand coeur" de l'ado métropolitain n'aura pas brillé par son humilité lors de son passage chez nous...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire