mercredi 31 octobre 2012

La Grande Ile Rouge

Madagascar ou Mada' (personne dans l'Océan Indien ne dit Madagascar...) c'est grand, très grand, aussi grand que la France et le Bénélux réunis.

Il y a de la couleur, des archipels paradisiaques au large de la Grande Ile, des plages de carte postale,  des restaurants divins où pour quelques €, foie gras frais, langoustes et filet de zébu se succèdent. Il y a aussi en bord de mer, dans les boîtes et les bars à musique, des pièges à touristes bien glauques où les filles sont faciles et le rhum coule à flots. Jour et nuit des coupures d'électricité fréquentes et durables, des douches d'où ne coule qu'un mince filet d'eau ou rien (c'est pourquoi dans les hôtels, il y a très souvent un seau rempli et une petite moque pour se laver en cas de coupure...)

Les Malgaches sont régulièrement frappés par des cyclones méchants qui font des centaines, voire des milliers de victimes sans que les télés de France n'y consacrent guère plus qu'une brève (contrairement aux ouragans US qui sont bien moins meurtriers). La liste des maladies mortelles et très actives à Mada' du Lonely Planet (voir version anglaise) a de quoi dissuader tout occidental sain d'esprit, un banal accident de la route à quelques kilomètres d'une ville peut vous être fatal: pas d'ambulance, pas de plateau médical digne de ce nom hormis dans la capitale et encore... Les routes ravagées par la saison des pluies chaque année sont infernales et les temps de trajet en taxi-brousse interminables.

Mais ce dont les Malgaches souffrent le plus c'est de la kleptocratie aux manettes depuis l'Indépendance. Les étiquettes politiques n'ont là-bas guère de sens...Bien plus importants sont l'appartenance à une ethnie (origine africaine ou indonésienne) et les raisons qui portent les "élites" à courtiser Chinois, Etatsuniens ou Français suivant leur intérêt personnel bien compris...Voici trois ans que la "transition" coince malgré l'accord de Maputo en 2009 sous l'égide des instances régionales (Afrique du Sud et Mozambique entre autres) et que les Malgaches depuis 2010 me font part à chacun de mes passages de leurs doutes croissants devant des élections sans cesse repoussées.

En attendant, il y a de moins en moins de touristes et les vahazas (européens) résidents qui tentaient de survivre dans l'hôtellerie ou comme "opérateurs" (plongée, pêche sportive, découverte de la faune et flore etc.) mettent peu à peu la clef sous la porte.

Mais malgré les DAB qui tombent toujours en rade précisément quand je n'ai plus un rond, mes bagages avions égarés, les rumeurs parfois inquiétantes de coup d'état imminent, Madagascar reste un pays fascinant.
On y entend le soir à Diego Suarez une machine à écrire crépiter en passant devant le commissariat de police, les toilettes s'appellent "la douche" (pudiques, les Malgaches), les buvettes-épiceries des "épi-gargottes" où l'on peut acheter des cigarettes à l'unité, dans une conversation en français avec un Malgache on passe sans cesse du "tu" au "vous" mais sans raison précise. L'Alliance française de Nosy Be occupe l'ancien théâtre de Hell-Ville construit en 1954. Remugles immondes, accès casse-gueule: on peut se ramasser dans un caniveau très profond dont la couverture a par endroits disparu. La bibliothèque est à l'orchestre et la salle de cours au parterre. Je suis titulaire d'une carte de prêt (n° 7971) ça me permet d' y emprunter Hugo, Maupassant ou Balzac lors de mes passages dans le nord.Ca m'a coûté 3000 ariary pour l'année (environ 1,10 €)...

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